Comme souvent pour les graveurs de cette période signant leurs œuvres avec des monogrammes, nous savons peu de choses sur la vie du Maître IAM. On sait qu’il était actif dans la deuxième moitié du XVe siècle, voire jusqu’au tout début du XVIe, et qu’il exerçait dans les anciens Pays-Bas, probablement à Zwolle.
Plusieurs théories existent quant à son identité. Sa signature, d’abord, nous renseigne sur sa qualité première : ce maître était avant tout orfèvre. En effet, les lettres « IA » ou « IAM » sont souvent suivies d’un motif de triangle rattaché à une sorte de fuseau d’où pend un fil [Fig. 2]. Ce motif est parfois utilisé seul. On pensait autrefois qu’il s’agissait d’une navette de tisserand, d’où le surnom de Maître « à la navette ». En réalité, il s’agit plus logiquement d’un outil d’orfèvre, une sorte de vrille ou de trépan servant à percer l’or ou l’argent. Preuve s’il en est que le Maître IAM était également orfèvre, comme nombre de ses confrères flamands au début du développement de la gravure en taille douce en Europe.
Cette qualité d’orfèvre établie, certains chercheurs ont voulu voir derrière cette signature un orfèvre ayant exercé à Zwolle à partir de 1479, Johannes Ludolphi, les lettres « IAM » signifiant « Johannes Aurifaber Meester », c’est-à-dire Jean, maître orfèvre. D’autres pensent que la signature renvoie plutôt à un peintre, identifié comme étant Johann van den Minnesten (v.1440-1504), dont aucune de ses œuvres picturales n’a survécu jusqu’à nos jours, ce qui rend cette thèse difficilement vérifiable. On sait toutefois que le fils de ce peintre, qui portait le même nom, imprima plusieurs gravures pour la ville de Zwolle en 1545. Ce fait a conduit certains à dire qu’il aurait hérité des matrices de son père potentiel, le Maître IAM.
Une autre thèse veut que la signature serait constituée des marques de deux artistes : les lettres « IAM » renverraient au peintre Johann van den Minnesten, qui aurait donné les dessins ; le symbole de la vrille renverrait à un orfèvre anonyme, qui aurait exécuté les matrices.