L’un des chefs-d’œuvre du graveur est sans nul doute son Hortus Conclusus avec la Vierge à l’Enfant entourée de huit saintes [Fig. 19]. L’iconographie est classique : dans un jardin clos, matérialisé par les barrières en branchage à l’arrière-plan et les fleurs sur le sol, la Vierge trône au centre, sa tête coiffée d’une couronne impériale. Elle est en train de constituer une couronne de roses, sa fleur symbolique, et en tire une d’un panier tendu par l’une des saintes qui l’entourent. L’enfant Jésus se tient debout devant elle. D’une main, il tient un anneau, et de l’autre il enserre le doigt de sainte Catherine d’Alexandrie, reconnaissable aux instruments de son martyre, l’épée et la roue ; il s’agit là de la représentation du mariage mystique de la sainte. Une autre sainte, face à elle, tenant la palme du martyre et cajolant un petit agneau, tient également un anneau, tendu vers le Christ. On reconnaît sainte Barbe avec sa tour, ou sainte Marguerite et son dragon. On remarque l’atmosphère paisible qui règne sur la scène, et les sourires affichés par tous les visages. Cette félicité est accentuée par les anges musiciens qui jouent à l’arrière-plan, derrière la barrière, le tout sous le regard tout-puissant de Dieu le Père et du Saint-Esprit. Cette gravure, où règne une certaine horreur du vide, qui caractérise nombre de gravures au criblés qui ont pu s’inspirer du Maître de la Passion de Berlin, séduit par son aspect très graphique, résultant de la répétition des motifs des plis des vêtements, des entrelacs de la barrière ou encore des plumes des ailes des anges. Le traitement de la perspective est toutefois sommaire, et résulte de la superposition des personnages. Les ombres, rendues par de petites hachures parallèles, sont peu marquées, ce qui nuit peut-être à la lisibilité de l’image.